Hors du cycle. [Balthazar]

"Qu'est-ce que tu vas faire maintenant ?"

Ils étaient tout deux présents dans cette ruelle sombre et obscur. L'un d'entre eux venait de sortir une clope.
Silence... ça faisait quoi ? Quelques siècles qu'ils s'étaient pas vus ? Franchement, à force d'errer et d'errer, ces rencontres familiales occasionnelles étaient des discussions rafraichissantes, de quoi passer un peu le temps et faire le point sur le passé, le présent et le futur. Et personne ne pouvait pas savoir le nombre de possibilités qu'ils avaient...
Errer. La seule possibilité actuellement existante. Ils n'avaient que ça en tête, découvrir ce qui était possible de faire qui pourrait les amuser. L'un des individus était debout et regarda un peu aux alentours : c'était une ville calme, sans histoire, sans complications... fait chier. Il regarda son interlocuteur, assis, en train de fumer tranquillement.

"Tu sais, tu pourrais crever d'un cancer si tu continues, Balthazar."
"Ne me fais pas rêver."

Il ne sourit pas. Cela faisait depuis tellement longtemps qu'ils avaient cessés de sourire. Leurs visages avaient perdus toute impression de bonheur, d'excitation, seul s'affichait la lassitude et la morosité, éternelle et implacable. Errer.
Ils avaient été condamnés, un châtiment pire que la mort.
La vie éternelle.
L'immortalité. L'impossibilité de mourir de mort naturelle. Ils ne pouvaient pas vieillir. N'importe quel péon lambda hurlerait de joie à ce type de nouvelles ! Et pourtant, c'est plus horrible qu'on ne puisse imaginer...

Balthazar et Philemore Fergesson faisaient partis tout deux d'une ancienne famille, un haut complexe religieux : la famille des Fergesson. Dirigé par un tyran du nom de Deus, cet homme avait acquis une grande puissance en maniant les arts nécromantiques, et avait outrepassé ce concept vulgaire qu'était la mort. Cette famille était donc un véritable culte, obligé de considérer ce magus de la mort comme un vrai Dieu...
Balthazar et Philemore ont voulus arrêter et se sont enfuis.
Ils furent rapidement attrapés et jugés. C'était il y a 1500 ans.

Au bout d'un certain temps, ils avaient finis par ne plus rien ressentir... ni joie, ni tristesse, ni colère, ni excitation, juste la lassitude.
Un châtiment encore plus horrible que la mort...

Balthazar se leva. Il portait dans son dos une lance, à chaque extrémité de l'arme se trouvait une lame triangulaire. Pour tenter de trouver de l'excitation, il s'était reconverti dans le mercenariat et avait même tenté d'apprendre la magie. Peine perdue, aucune mission ne l'intéressait vraiment. Et la magie était trop chiante.
C'était un homme dont l'apparence physique était celle d'un homme de 42 ans. Il avait une peau très bronzée, tel un métis. Ses cheveux étaient déjà d'un blanc immaculé. Il portait un grand manteau de fourrure noire (il a toujours été un grand frileux) et possédait a priori une forte musculature.
Philemore a toujours considéré son frère comme arrogant. Vu son âge réel, il avait une certaine expérience et prenait donc de haut la jeunesse (soit à peu près toute la population ayant une durée de vie inférieure à 1000 ans). Mais c'était un homme calme, mature, relaxé. Il ne s'énervait pas, il prenait de haut certes, mais jamais un individu a pu l'énerver, jamais. Jamais un individu n'a pu le faire rire, le faire pleurer.

Il n'a jamais eu quelque chose à laquelle il tenait, en réalité.
Il sortit de sa poche un bout de papier qu'il tendit à Philemore. Celui-ci le lut attentivement. Malgré l'obscurité, il put clairement distinguer ceci :




"C'est quoi ça ?"
"Aucune idée. On verra bien si ça peut me faire passer le temps."

Balthazar reprit le bout de papier et poussa un soupir. Il fit un geste de la main à son frère. Ainsi se terminaient leurs "réunions de famille".
Deux minutes plus tard, ils étaient repartis chacun de leurs côtés.